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Photo du rédacteurLaurent

BIOTOPLESS

Peut-être suis-je né ici ? Je ne sais plus comment je suis arrivé au milieu de cette forêt ? Comment s’appelle ce bois, ce terrain privé ?


Je ne me rappelle plus bien !


Je suis au pied de ces grands troncs noir d’ébène à feuillages persistants. La végétation autour est dense et fournie. La lumière ne perce que rarement ce nuage végétal. Il fait sombre, l’atmosphère est humide. Le climat exotique me douche tous les soirs d’une grosse averse qui passe à travers le plafond de vert teinté. Elle ruisselle tout au long des troncs qui m’abritent et que j’enlace.


Le matin, je me mets en quête de nourriture. Je me fraye un chemin, slalomant entre les racines apparentes, aux pieds des arbres, pour trouver un terreau souple et léger que je peux creuser. Avec un peu de chance, mon forage perce une des sources, nombreuses en sous-sol, riches en éléments nutritifs, en oligoéléments qui complètent mes besoins d’hydratation. Je peux alors y glisser ma paille, pour aspirer longuement et avec délectation, comme si je dégustais une grande cuvée de Bordeaux, directement au tonneau !


Ce biotope est un environnement parfait pour mon cadre de vie et de subsistance !


Peut-être suis-je né ici ? Je ne sais plus comment je suis arrivé au milieu de cette forêt ? Comment s’appelle ce bois, ce terrain privé ?


Je ne me rappelle plus bien !


Mais tout est menacé ! Des hommes viennent parfois. Ils ont trouvé un filon au milieu de la forêt et creusent profondément avec des marteaux piqueurs, jusqu’à faire dilater les veines, y placer leurs bâtons de dynamite, et faire tout exploser !


La terre tremble violemment ! Des torrents jaillissent de la caverne percée ! Je dois m’accrocher aux troncs des arbres, leurs branches ! Mes ongles, mes phalanges s’enfoncent dans leur écorce, pour ne pas être déstabilisé par les secousses de forte magnitude et ne pas être emporté par la vague du tsunami qui suit !


Je résiste, suis parmi les survivants ! Mais, pour combien te temps ?


Peut-être suis-je né ici ? Je ne sais plus comment je suis arrivé au milieu de cette forêt ? Comment s’appelle ce bois, ce terrain privé ?


Je ne me rappelle plus bien !


Le pire est à venir ! J’entends les tronçonneuses qui se rapprochent ! Ce sont encore ces hommes qui ont fait main basse sur ce territoire ! Ils fixent leurs exigences, leurs préférences, sans jamais tenir compte de la biodiversité qui les entoure.


Ils coupent tout, font table rase de toute la végétation, de tous ces arbres qui auraient pu devenir centenaires, pour assouvir leurs besoins personnels ! La coupe est facile, presque définitive ! La repousse est tellement lente, je ne pourrai pas attendre, sans compter qu’ils reviendront certainement pour défricher tout bourgeon et balayer mon cadre de vie, le support de mon existence !


Peut-être suis-je né ici ? Je ne sais plus comment je suis arrivé au milieu de cette forêt ? Comment s’appelle ce bois, ce terrain privé ?


Je ne me rappelle plus bien !


La situation est désespérée ! Je redoute une lente agonie. J’attends la fin, mon tour, en enterrant les premières victimes. J’essaye de leur laisser une digne sépulture. Je dessine des croix, je les aligne. C’est le jeu de ma vie, de ma mort !


Le jeu du morpion !


Peut-être suis-je né ici ? Je ne sais plus comment je suis arrivé au milieu de cette forêt ? Comment s’appelle ce bois, ce terrain privé ?


Je me rappelle : Pubien !



Laurent PODRAZA

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