Comme, avant moi, mon père,
j’ai hérité de terres prospères,
dans la plaine d’Antalya.
Pour ma sœur, il résilia.
Il disait, sans s’en défendre,
à qui voulait l’entendre :
« Mieux vaut me faire pendre,
que d’enrichir mon gendre ! »
De cette riche glèbe
cultivée par de jeunes éphèbes,
permettant trois récoltes,
même aux plus désinvoltes.
Sans délier nos bourses,
elle est irriguée par toutes les sources
qui inondent les utérus
de la chaine du Taurus.
Quelles que soient les semences,
elles sont, de suite, couvées à distance
par la grande bleue, son climat,
percées de rayons gammas.
Comme avant moi, mon père,
j’ai transmis toutes mes terres prospères,
partagées entre mes fils.
Pour ma fille, le sacrifice.
Je disais, sans m’en défendre,
à qui voulait m'entendre,
"Mieux vaut me faire pendre,
que d'enrichir mon gendre !"
J’ai laissé à ma fille,
avec laquelle je suis en bisbille,
de petits terrains vagues
balayés par les vagues.
Impropres à la culture.
Hostiles comme peut l’être la nature.
Vent, sable, sel et galets.
Pauvreté inégalée !
Comment deviner hier
que ces quelques parcelles côtières,
infestés de moustiques,
deviendraient touristiques ?
Aujourd’hui présidente
de sa chaine hôtelière grandissante,
elle salut, sur leurs tracteurs,
ses frères cultivateurs.
Si je n’étais pas de cendre,
il me faudrait descendre,
pour ensuite me faire pendre :
J’ai enrichi mon gendre !
Laurent Podraza
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