Notre Marianne (2)

EPISODE 2 : PERE SOUS TERRE

Le père, qui avait l’âme solidaire,

se fit reprocher son penchant syndical.

Raison suffisante pour qu’on l’incarcère,

sans aucun jugement ou procès verbal.

La maison de famille fut même fouillée

par la milice du propriétaire terrien,

qui recherchait son arme à barillet,

que la rumeur avait dénoncée pour rien !

A sa sortie de prison, plus de labeur.

Il a fallu se faire une raison.

Il devait partir ailleurs pour faire son beurre,

et proposer aux siens d’autres horizons.

Gonflée par la montée d’adrénaline,

la boule au ventre se formait dans le pétrin.

Valentin quitta donc sa Micheline,

les enfants et son pays, pour prendre le train.

Il traversa l’Allemagne par Nuremberg,

sur ordre du centre de recrutement,

se laissant dériver comme un iceberg,

de Toul, vers un des autres départements.

Ce sera, tout compte fait, le Pas de Calais.

Bruay en Artois et son bassin minier,

depuis la fin de la grande guerre, chialait

de ne pas remplacer les carabiniers.

Le charbon, en moteur de l’économie

attisait le feu de la reconstruction.

Il fallait donner corps à toutes ces momies

enterrés dans la chambre de combustion.

Il sera logé dans les baraquements

de bois, prévus pour les célibataires,

apprendra le métier par les rudiments

du travail et de la survie sous terre.

Même si ce n’est pas dans son caractère,

pour poursuivre son travail à la fosse,

il avait appris qu’il fallait se taire.

Certains ont été expulsé de force.

Passé quelques mois à économiser,

Il a rassemblé ses restes de payes

moins les babioles qu’il avait dû miser

pour qu’enfin tous les perdants le défrayent.

Il fallait pouvoir financer le voyage

de la « petite famille » restée là-bas,

et l’équipement nécessaire au ménage

de la maison de coron en contrebas.

Episode 3 : "TERRE MER ET FER" , la semaine prochaine

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Laurent Podraza