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Photo du rédacteurLaurent

Notre Marianne (5)


EPISODE 5 : COMPERES



Le travail à la mine a ses périls :

Les éboulements et les coups de grisou,

s’affrontaient souvent à l’ombre des terrils

par l’échange d’accolades et de bisous.


Les femmes, les mères de tous les mineurs

remerciaient, chaque jour, ce ciel si rare,

du retour sain et sauf, à la bonne heure,

des gueules noires lavées par leurs regards.


Le danger et la dureté de la vie

resserraient les liens entre individus :

solidarité et camaraderie

des usagers de la salle des pendus.


Ils se retrouvaient sur leur temps libéré,

aux comptoirs de bars pour jouer un tiercé,

en compagnie d’autres joueurs à bérets,

qui pouvaient parfois se sentir agacés.


La vie sociale dans les corons et cités

de toute la communauté polonaise,

profitait de toutes les proximités ;

les ingrédients pour une bonne mayonnaise :


mêmes déracinements, codes et langages,

dans les salles et tunnels de la fourmilière,

familiarités dans les voisinages

des murs de briques où s’attache le lierre.


La grande cohésion des parcours de vie,

les appartenances sociales communes,

développaient les mêmes doutes et envies

qui s’exprimaient par chacun et chacune.


Si les portes n’étaient jamais verrouillées,

pour favoriser la convivialité,

elles se refermaient sur ceux qui se brouillaient,

pour que cela ne puisse pas s’ébruiter.


La hantise du gardien de la cité

pouvant expulser tout fauteur de troubles,

incitait à calmer les plus agités

et à tourner la serrure en double.


L’orgueil et la fierté du polonais

pour aussi ne pas exprimer ses failles,

cette omerta primitive qui renait,

permettaient que personne ne déraille.


Marianne s’est fait des copines dans le quartier,

dont certaines sont venues de Westphalie,

où leur père a exercé son métier

avant de rechercher là une embellie.


Elle a même appris à parler l’Allemand,

en causant avec ses nouvelles amies.

Langue imposée par tous les régiments,

à leur peuple souvent occupé et soumis.


Un jour, un inconnu frappa à la porte.

Un jeune homme se présenta sur son seuil.

On voyait les pulsations de son aorte

faire trembler sa chemise comme une feuille.


Il avait remarqué notre Marianne,

et voulait exprimé tout son intérêt,

n’étant pas du genre à porter soutane,

aube, chasuble et calotte sur sa raie.


« Je me prénomme Wladislaw » lui dit-il,

comme l’avant dernier né de la fratrie,

avant d’avouer, par des mots plus subtils

que sans elle, il en resterait contrit.




Laurent PODRAZA

Episode 6 : "GLOBE-TROTTER" , la semaine prochaine (possibilité d'indiquer son adresse mail dans l'onglet "abonné" tout en bas de la page du site, pour être notifié de la prochaine publication)




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1 Comment


julaut
Apr 05, 2021

Je ne suis pas certaine que cela ait été aussi romantique, mais cela rend ton poème encore plus joli et touchant (mystérieux, aussi...). Bravo, Cousin ! :)

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