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Notre Marianne (9)

EPISODE 9 : GUERRE (Cité 30)


Les reliquats de polacks prenaient racines.

Le français de souche ne l’appréciait guère.

Comment partager ses cris de famine ?

Son avis changera avec la guerre.


Ayant des expériences d’occupations,

ils sont vite entrés en résistance,

gagnant le respect de la population,

et une meilleure coexistence.


La grève des mineurs en 41

a été la grande manifestation,

autour de la tombe du pays défunt,

du refus de toute coopération.


A coté, à la cité 30 de Divion,

se créa une cellule active.

Face à l’armée du Reich et ses divisions,

quelques hommes courageux sans directives.


Le principal fait d’arme du groupuscule

étant d’avoir enlevé un militaire

de la Wehrmacht, d’après son matricule,

gardé dans une cave avec sanitaire.


Au milieu d’eux, le Jean Moulin des corons,

que l’on appelait simplement Monsieur Jean,

dans toute la cité et les environs,

en était devenu un de ses dirigeants.


On le reconnaissait à son élégance :

veste en tweed, écharpe et chapeau de feutre,

achetés dans une boutique à Lens.

Il refusait la discrétion du pleutre.


Il faisait vivre sa petite famille

avec la si maigre solde du mineur,

souvent raccommodé par les aiguilles

de Marie, couturière à ses heures.


Il développait ce côté « grand seigneur »,

qu’elle pouvait lui reprocher si souvent,

aux yeux de l’environnement extérieur,

car ses enfants auraient pu passer avant.


Ils ne mangeaient pas tous les jours à leur faim,

mais Jean pensait aussi à son prisonnier

en lui réservant quelques morceaux de pain,

qu’il lui amenait dans un petit panier.


Il organisait de petites courses

pour occuper les enfants de la cité.

A gagner quelques bonbons dans une bourse

que ses propres enfants ne pouvaient goûter.


Parmi eux, Anna, sa fille cadette,

se trouva un jour à courir sous le feu

d’un garde allemand et sa mitraillette

car elle avait dépassé le couvre-feu.


Elle habitait au 1 rue de la Lune,

après avoir résidé rue du Soleil.

Difficile de lui porter rancune,

de peu maîtriser les périodes de veille.


A chacune de ses sorties dans la rue,

elle regardera ensuite la gouttière

dont la fuite d’eau coulait de manière drue ,

comme sortant du bec d’une cafetière.


La balle, à l’origine de ce trou,

lui était si fatalement destinée !

On ne saura jamais, ni même peu ou prou,

si le militaire était aviné ?


De retour de bombardements sur Berlin,

les alliés se débarrassaient sans adresse,

avant l’atterrissage chez Chamberlain,

des obus qu’ils avaient encore dans leurs caisses.


Anna fut plaquée au sol par un passant,

ce devait être un homme providentiel,

qui la protégea de son corps tout puissant,

de ce flot de bombes qui tombaient du ciel.


Sa maman l’avait envoyée leur offrir

des tickets, à acheter au guichetier.

Une occasion pour la famille de rire,

le dimanche, au cinéma du quartier.


Anna se résolu à rentrer bredouille.

Elle pensa sur tout le chemin du retour,

à ce que tous ces obus écrabouillent !

Elle scrutait le ciel : « y-a-t-il des vautours ? »


Quel ne fut pas son immense soulagement

de voir la maison de famille intacte !

Lui reprochera-t-on, sans ménagement,

de louper les réclames de l’entracte ?




Episode 10 : "GUERRE (République)", prochainement !

(possibilité d'indiquer son adresse mail dans l'onglet "abonné" tout en bas de la page du site, pour être notifié de la prochaine publication)


Laurent Podraza




60 vues1 commentaire

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1 comentário


julaut
24 de jun. de 2021

Quelle histoire incroyable ! Merci Laurent, de raconter les secrets les plus lourds avec autant de délicatesse poétique.

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