On ne les trouve pas en zone désertique, pourtant aride. Elles élisent domicile en plein centre, près des grands axes de communication, où le trafic est dense, dans tous les sens, comme les entrées et sorties de bouches de métro.
On ne les trouve pas dans nos intérieurs protégés. Elles sont soumises à la météo du moment, au beau temps ou aux intempéries, au soleil ou la pluie, à la canicule ou la glaciation, à l’anticyclone ou la dépression.
Elles guident les manifestations de communions de joie ou de tristesse, de colère ou de résignation, présentes sur tous les fronts. Elles canalisent les liesses populaires comme leurs détresses. Elles sont des caniveaux à émotions, des gouttières à larmes, évitant les débordements, les inondations, permettant l’expression, le partage.
Mais elles sont tellement mal aimées ! On souhaite les cacher, les masquer aux yeux des passants.
Certains vont même jusqu’à les boucher, les obturer, les enterrer. Camouflant leur agression par l’expression de frappes chirurgicales, de rajeunissement de la chaussée, de modernisation.
Comment envisager d’enlever les pavés de nos centres historiques ? De les remplacer par un bitume lisse, sans caractère ni aspérité, sans histoire ni authenticité ? On ne se reconnaitrait plus, derrière ce visage formaté, sans défaut ni personnalité, sans relief ni expression.
Elles sont donc des monuments historiques à protéger, des témoignages du passé, des traces de l’expression d’émotions vécues, partagées, de la vie !
Un patrimoine à préserver !
Soyons fiers de nos rides !
Laurent Podraza
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